Lettre à mon frère le jour de son départ

D'autres choses étonnantes me sont arrivées par rapport au départ de mon frère. Il est parti le mardi 5 octobre 1999. Et le lendemain, chose surprenante, j'ai senti comme un appel, quelquechose me demandant d'aller le voir pour la dernière fois. Ce que j'ai fait bien qu'au départ je ne le voulais pas! Car bien entendu c'est jamais évident de voir ceux que l'on a aimé sur leur lit de mort....

Quand je l'ai vu, son visage était beau, détendu, il souriait même... Cette vision m'a fait du bien et j'ai compris que l'important n'était pas que moi je l'avais vu en fait mais de rapporter à ma famille comment il était, les rassurer quelque peu. Ma maman a voulu savoir et je lui ai dit "il était beau, il souriait". Sans un mot de plus.

De retour le soir, il m'a pris une envie irrépressible d'écrire et j'ai demandé à ma cousine de me donner un morceau de papier. Et là seule dans mon coin parmi la grande tristesse et les pleurs qui animaient la maison, je me suis assise et j'ai commencé à écrire. J'écrivais simplement et sans réfléchir. C'est comme si les mots m'étaient dictés (peut-être?) et qui'ls ne venaient pas de moi. J'ai eu cette sensation et j'ai écris une page entière.

Voici le texte:

" A Jérôme,

Octobre t'a pris pour un monde meilleur.

Sâche qu'on est tous là et qu'aucun de nous ne pourra t'oublier, parce que à jamais tu vivras dans nos coeurs et nos mémoires, comme une empreinte indélébile. Au nom de nous tous: ta mère, ton père, ta soeur, tes proches, tes amis les plus sincères, voici un dernier hommage.

Mon seul frère, la moitié de moi, n'oublie pas tout l'amour qu'on a pour toi. Il n'y aurait jamais assez de mots pour le prouver. C'est de tout mon coeur que je te parle, au nom de l'immense douleur de chacun et de la grande personne que tu es. Je pense que mon devoir c'est de rester forte, car la seule chose à faire, petit frère, c'est de se battre pour la vie et pour toi. Aucun n'a le droit de t'en vouloir. Pourquoi? Parce que tu as vu cette solution comme ton dernier espoir, une porte ouverte sur la délivrance.

Longtemps tu as pensé au mal que tu pouvais nous faire, on le sait. Bien sûr nos coeurs sont à vif, toi tu n'es plus là, mais je sais que là-bas se trouvent la paix et le bonheur que tu voulais. Alors je suis soulagée. Je crois qu'il n'y a rien d'autre à dire. Juste que notre amour est, aussi infiniment grand que l'univers.

On t'aime.

Ta soeur et nous tous."

Ce texte a été lu par un ami de mon frère, lors de la cérémonie religieuse.

La tombe.....Là n'est pas mon frère....

A vingt ans, le regard déjà ailleurs....